La décision du Président de la République Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale après les résultats des Élections Européennes, sous prétexte du haut score du Rassemblement National, oblige l’ensemble du paysage politique français à une réorganisation d’urgence. Dans cette urgence, de nombreux enjeux peuvent de nouveau être mis en second plan, comme les sujets touchant au handicap.
Nous, CLE-Autistes, association de personnes concernées, appelons à voter pour le Nouveau Front Populaire aux prochaines élections législatives.
Toutefois, nous savons que la lutte ne s’arrêtera pas après ces nouvelles élections, surtout lorsque celles-ci sont imposées à des fins de division et d’instrumentalisation de l’extrême-droite et de ses idées.
C’est pourquoi nous posons également certaines conditions à partir desquelles nous continuerons d’interpeller le gouvernement qui sera composé par ce nouveau scrutin :
1) Supprimer le conflit d’intérêt des gestionnaires
- C’est-à-dire, mener une politique de désinstitutionalisation pour toutes et tous, en protégeant la représentation des associations de personnes directement concernées et non les associations gestionnaires de services médico-sociaux. Les personnes concernées doivent avoir le dernier mot sur tous les sujets qui les touchent.
- Supprimer le rôle de ces mêmes associations gestionnaires dans l’article 1 de la loi 2005 et instaurer un bipartisme entre l’État et les personnes handicapées, ainsi que leurs organisations représentatives non gestionnaires, au sein des organismes de gestion concernant les politiques publiques.
- Créer un fond de solidarité et de développement de la vie associative co-administré par les associations pour favoriser l’auto-représentation en toute indépendance. De manière générale, encourager et valoriser leur droit inaliénable à l’autodétermination et à la formation aux outils institutionnels.
2) Implémenter une stratégie de désinstitutionnalisation planifiée et chiffrée
- Fixer un objectif de fermeture de 100% des établissements-médico-sociaux et psychiatriques en 10 ans et des IME en 3 ans avec remplacement par les alternatives comme l’assistance personnelle, le soutien par les pairs, des services communautaires accessibles, un statut d’aidant avec une rémunération identique aux salariés.
- Une révolution pédagogique du système éducatif avec un statut de fonctionnaire et salaire à temps plein et salaire équivalent pour les AESH, le recrutement d’enseignants d’accessibilité et la formation du personnel éducatif.
3) Mettre fin à la précarité des personnes handicapées :
- Augmenter l’AAH au SMIC, qu’elle soit attribuée à vie et inconditionnelle.
- Déconjugaliser et augmenter au SMIC les minimas sociaux : RSA, pensions d’invalidité…
- Mais aussi, accompagner les politiques globales d’accès au soin d’une véritable politique de lutte contre le racisme et le validisme sous toutes ses formes.
Ces conditions sont le strict minimum de départ que l’on puisse exiger des pouvoirs publics afin de respecter les engagements de la France vis-à-vis de la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées ratifiée par l’ONU. Mais au-delà de ça, il en va de la pleine autonomie des personnes handies, lesquelles se trouvent souvent à l’intersection d’autres formes de violences structurelles intolérables dans notre pays.
Une victoire de l’extrême-droite ne ferait qu’empirer une situation de précarité matérielle et sociale déjà critique.
L’idéologie raciste et eugéniste qui fonde historiquement ses idées et ses pratiques, ainsi que sa tendance à préserver les intérêts capitalistes et suprémacistes blancs, ne peut que nous encourager à faire front devant la menace que celle-ci pose sur les conditions d’existence d’une grande partie de la population française, dont nous faisons partie.
Pour autant, nous ne donnerons pas un blanc-seing à quiconque se présentera comme son alternative.
Il faut donc nous préparer à rester vigilant-e-s et à ne pas nous laisser invisibiliser à moyen et à long terme. Que nous soyons handies et/ou d’autres groupes discriminés et assignés à la minorité, nos vies aussi ont de la valeur.
Aussi donc, rendez-vous aux urnes, organisez-vous et continuez le combat !