Communiqué conjoint des collectifs : CLE Autistes et CLAV
Le 25 Janvier 2024 est pour Force Ouvrière une occasion de s’en prendre, une fois de plus à ce qu’ils appellent “l’inclusion à marche forcée”, en organisant un mouvement national pour “la défense de l’enseignement spécialisé et ce au mépris des droits des enfants. Ils affirment, dans une démarche validiste assumée, vouloir repousser les enfants handicapés hors du système scolaire et bafouent ainsi plus de cinquante ans de luttes antivalidistes.
Mais après tout, qui leur donnerait tort dans une société qui invisibilise les voix de tous ces militants qui ont prouvé, en long en large et en travers que le choix de l’exclusion sociale était délétère pour tous, handis et valides.
Qui leur donnerait tort, dans une société qui considère encore les ESAT comme une exception française à défendre ?
Qui leur donnerait tort, dans un paysage syndical français qui utilise la revendication d’un statut pour les AESH pour se donner bonne conscience et défendre dans le même temps l’exclusion de ceux qui, arbitrairement, sont vus comme “trop handicapés” ?
Qui enfin leur donnerait tort, dans un système scolaire français épinglé par l’ONU et le Défenseur des Droits comme n’étant même pas inclusif, alors que les outils de la loi de 2005 sont sciemment ignorés de la majorité des membres de l’institution ?
Mais après tout, le fantasme réactionnaire de Force ouvrière tient à si peu de choses.
Le 25 janvier, lors de la manifestation de FO, CLE Autistes a arboré une banderole pour contester le mot d’ordre de l’événement, s’opposant ainsi à la remise en question de l’école inclusive.
De quelle “inclusion forcée” parlent-ils ?
Est-ce de l’inclusion des 80 000 enfants en situation de handicap placés en Instituts Médico-Éducatifs (IME) ? Il est troublant de constater que ce chiffre demeure inchangé depuis la promulgation de la loi de 2005. L’augmentation du nombre d’élèves handicapés intégrés en milieu ordinaire découle principalement de l’attribution de diagnostics neurodéveloppementaux tels que l’autisme, le TDAH ou les troubles dys. En d’autres termes, les élèves actuellement considérés comme handicapés n’auraient pas été identifiés comme tels il y a seulement deux décennies.
De quelle inclusion systématique parlent-ils ?
En France, il est fallacieux de prétendre à l’existence d’une véritable inclusion scolaire ; il s’agit plutôt d’un modèle d’intégration scolaire. L’éducation spécialisée, maintenue séparée des autres élèves, persiste en tant que norme et ce, même pendant ce prétendu “âge d’or” des moyens supposés.
En définitive, ce qui gène réellement Force Ouvrière, c’est le changement de paradigme radical qu’implique l’inclusion. Parce que non, contrairement à ce que leurs militants les plus virulents veulent faire croire, les “handicapistes” ne sont pas opposés aux personnels.
Nous sommes des sujets de droit. Nous sommes des usagers du service public et nous voulons :
– Des moyens pour des personnels spécialisé-e-s et non spécialisé-e-s formé-e-s et payé-e-s en conséquences.
– La désinstitutionnalisation, pour offrir un avenir aux enfants handis et à leurs familles
– Un réel statut pour les AESH afin qu’iels puissent accompagner les enfants au sein de l’Ecole ordinaire.
– Une révolution pédagogique et la remise en cause du système scolaire actuel.
Nous ne voulons pas de l’exclusion sociale brandie en étendard sous le prétexte de protéger les personnels contre des handicapés vus comme “menaçants pour eux et les autres”.
L’éducation inclusive est un droit et un droit, cela ne se négocie pas. Pour militer pour plus de moyens pour l’école, il faut donc soutenir la désinstitutionnalisation.