Autisme, changeons la donne !

CLE Autistes s’oppose à toute nouvelle stratégie Autisme et Neurodéveloppement

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Alors que la nouvelle stratégie Autisme et trouble du neurodéveloppement (TND) se prépare pour la rentrée. CLE Autiste appelle à mettre fin à une stratégie autisme, orientée sur un modèle médico-social de l’autisme et des neurodivergences pour promouvoir une Stratégie globale, protectice des personnes handicapées, axée sur l’application de leurs droits humains

I. Rappel concernant les 5 engagements de la “Stratégie Autisme ” 2018 – 2023 

● Remettre la science au cœur de la politique publique de l’autisme grâce à une recherche d’excellence ;

● Intervenir précocement auprès des enfants présentant des écarts inhabituels de développement ;

● Rattraper notre retard en matière de scolarisation ;

● Soutenir la pleine citoyenneté des adultes ;

● Soutenir les familles et reconnaître leur expertise ;

II. Quels résultats après 18 ans de “plans Autisme” successifs (soit 1 milliard d’euros dépensés) ?

9 fois plus de suicide que dans le reste de la population

Une espérance de vie entre 39 ans et 58 ans

90% de femmes autistes victimes de violences sexuelles

60% des enfants autistes sans accès à l’instruction scolaire

90% de chômage 

Bref, la situation est critique, et aucun des plans Autisme n’a répondu à ces problèmes.

III. Pourquoi la “Stratégie Autisme” est un échec 

Un échec financier :  l’argent public a été dépensé vers une minorité d’autistes situés sur une petite partie du spectre, et surtout pour des résultats peu probants. 

Comme l’a déjà souligné l’ONU, sont apparus fatalement les conflits d’intérêts, le manque de transparence et d’exigence de résultats… au détriment de tous les autistes.

Sous prétexte d’inclusion des adultes, 100 GEM Autisme ont été créés par les ARS, mais gérés financièrement par des associations imposées par les ARS (parce que les autistes sont incapables de gérer de l’argent sans commettre de détournement ou de gaspillage…). 

Ces associations imposées ont souvent le monopole sur leur territoire, et leurs valeurs, quand elles sont assumées, ne sont globalement pas partagées par les handicapé.es conscientisé.es.

D’autres institutions “ancestrales”, de type ESAT ou autre, sponsorisées par l’État, ont un intérêt à discriminer les autistes (autiste productif/ autiste improductif, autiste/handicapé non-autiste) car leur existence et les salaires des personnels médico-sociaux en dépendent.

Les autistes ne répondant pas à leurs critères d’inclusion sont mis au ban, et donc prêts à accepter un traitement spécial au profit de tout un marché très lucratif, aux prestations plus ou moins subventionnées, donc plus ou moins accessibles (institutions médico-sociales et psychiatriques, job coaching, écoles privées, développement des interventions précoces en libéral, tests biologiques, recherche scientifique, test diagnostics…)

Bref, il n’y a que les autistes qui ne voient jamais la couleur de l’argent des Plans Autisme. D’ailleurs, concernant les rares  habitats inclusifs actuels, cela concerne seulement les autistes les plus autonomes (vivant chez leurs parents et ne pouvant pas se loger car sans ressources financières suffisantes), alors qu’en est-il de l’aide humaine personnalisée pour les autistes moins autonomes ? 

Le Sénat a lui même souligné que les résultats de la Stratégie Autisme étaient mitigés, comme ceux de tous les autres plans avant elle, la moitié des crédits n’étant jamais dépensée.

Un échec révélateur d’une méconnaissance de l’autisme, les mesures politiques se focalisant pourtant depuis des années sur un repérage précoce, et des interventions dont l’efficacité scientifique est faible et éthiquement discutable. 

Car “remettre la science au cœur de l’autisme”, c’est maintenir l’approche validiste de l’autisme et du handicap, en la légitimant par la science.

Cette recherche a donné lieu à une recherche eugéniste : la Cohorte Marianne, soutenue par Claire Compagnon, déléguée interministérielle à l’autisme. Même si une initiative sur la mise en place de la recherche participative à la française a été initiée, les principaux sujets de recherche sont toujours décidés exclusivement par le pouvoir médical.

IV. Et maintenant ? En vue de la prochaine Stratégie Autisme TND 2023-2027…

La Stratégie Autisme donne l’impression que nos droits et besoins fondamentaux sont fondamentalement différents des besoins fondamentaux des autres handicapés. Or nous avons les mêmes besoins : accessibilité, droits humains, communication, éducation, sécurité, santé, auto-détermination…

La Stratégie Autisme et TND s’appuie sur des professionnels et des associations qui médicalisent les neurodivergences pour les isoler. Cela s’apparente à une stratégie de prédation pour exploiter les autistes et neurodivergents au profit d’un marché très lucratif.

Il est donc temps d’en finir avec une Stratégie Autisme qui ne sert qu’à perpétuer un modèle déficitaire et centré sur l’adaptation individuelle à une société normative. 

Ce type de stratégie capte aussi des moyens qui pourraient servir à une politique antivalidiste globale. Les autistes bénéficieraient aussi des avancées réalisées pour les autres handicapés, comme dans la communication, s’il n’y avait pas ce cloisonnement.

La Stratégie Autisme actuelle fragilise les autistes

Nous souhaitons la mise en place d’une Stratégie Nationale Handicaps, qui devra être constituée de groupes de travail par grande famille (exemple : groupe Autisme et TND), consultant uniquement les associations/institutions dirigées majoritairement par des autistes et neurodivergents : “Rien pour Nous Sans Nous” !

L’ approche de la Stratégie Nationale Handicaps devra être centrée sur la désinstitutionnalisation et l’application des droits de la conventions de l’ONU, quel que soit le type de handicap.