Sophie Cluzel sur le plateau de cnews.

CLE Autistes condamne les propos de Sophie Cluzel sur l’augmentation des diagnostics

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On se fiche des « causes de l’autisme » et du passé d’Hans Asperger : recentrez le débat sur les besoins des personnes !

Le 20 juin 2019*, la secrétaire d’état Sophie Cluzel a déclaré que la France connaît une « progression anormale, très inquiétante » du nombre de diagnostics d’autisme, en raison de « causes environnementales ». Elle souhaite faire de la recherche des causes de l’autisme une priorité au niveau européen. Ce même jour, l’inénarrable Elisabeth Roudinesco, soutien sans faille des intérêts de la psychanalyse, a poursuivi sa cabale médiatique contre l’appellation du syndrome d’Asperger, livrant une vision orientée faisant d’Hans Asperger un méchant Nazi, et de Léo Kanner un gentil médecin Juif à l’origine de toutes les importantes découvertes en matière d’autisme.

Nous, personnes autistes et parents d’enfants autistes, rappelons que nous n’avons rien à carrer, rien à battre ni du passé d’un Hans Asperger mort depuis longtemps, ni des causes de l’autisme. Débaptiser le syndrome d’Asperger, comme cela est de toute façon prévu grâce à l’évolution des classifications officielles (le DSM-V et la CIM-11), ne permettra ni aux enfants autistes d’être mieux scolarisés, ni aux adultes d’être mieux inclus dans les milieux professionnels, ou de vivre en logement autonome.

Injecter des sommes folles dans la recherche des « causes de l’autisme » satisfera peut-être l’ego de chercheurs en quête de prix Nobel, et assèchera les finances publiques, sans améliorer le sort des personnes autistes actuellement en vie, ou plutôt en « survie », entre détentions abusives dans des établissement gestionnaires qui violent le droit international, et situations financièrement dramatiques.

Nous sommes choqués par les déclarations fallacieuses de Sophie Cluzel, qui comme celles de Florent Chapel, alimentent l’exclusion des personnes autistes en les assimilant à un fléau maladif à combattre, plutôt qu’à des citoyens français de droit commun.

Contrairement à ce qu’affirme Mme Cluzel, rien ne permet d’affirmer que l’augmentation des diagnostics d’autisme découlerait de causes environnementales. Plusieurs experts l’ont reliée à l’élargissement des critères de diagnostic : en d’autres termes, à la progression des connaissances médicales internationales, face à l’obscurantisme des professionnels français formés à la psychanalyse, qui continuent à s’appuyer sur des définitions remontant aux années 1970 et 1980, et que Mme Roudinesco vient défendre sur les plateaux de télévision et dans les journaux.

La recherche des « causes de l’autisme » ne saurait être présentée comme effectuée en notre faveur dans un contexte qui exclut les personnes autistes des choix de pistes de recherche, les reléguant au statut de « patients » et de « témoins » passifs en attente de leur guérison miraculeuse.

La publication régulière d’articles messianiques annonçant telle ou telle découverte des « causes de l’autisme » a des effets mortels, au sens premier, sur les personnes autistes. Des parents désespérés tentent d’administrer des produits dangereux et non-homologués, tels que la solution minérale miracle, de l’eau de javel, de régimes alimentaires absurdes, ou d’appliquer le protocole de chélation de Cutler, dans l’espoir de « guérir » leurs enfants. Ces abus, voire les meurtres, bénéficient d’une choquante impunité, et sont largement alimentés par des déclarations publiques et articles de presse prématurés et maladroits, annonçant avoir trouvé « les causes » de l’autisme dans les vaccins, les métaux lourds, les pesticides, la malbouffe, ou que sait-on encore. Rappelons que la « piste » des vaccins est désormais totalement discréditée, et qu’en l’absence des milliers d’articles de presse alarmiste qui y furent consacrés, nous aurions évités des morts par la rougeole

Notre commune priorité est de mettre un terme à l’exclusion sociale et au statut de sous-citoyens des personnes autistes et de leurs aidants (terme d’ailleurs contestable).

Les personnes autistes n’ont pas à subir des refus de scolarisation, des refus d’emplois adaptés, ou pire, la privation de leur liberté de mouvements et la confiscation de leurs maigres revenus financier par des institutions qui en font usage à leur seul bénéfice.

Nous demandons le recentrage du débat sur les droits humains fondamentaux des personnes autistes, tel que le préconise l’ONU.

Merci.